Accéder au contenu principal

Auteur indépendant : un artiste multi-tâche

Vous êtes-vous déjà demandé à quoi ressemble le quotidien d'un auteur indépendant ?

Cet article s'adresse aux lecteurs curieux de découvrir l'envers du décor, tout comme aux auteurs qui pourraient être tentés par l'aventure ! 😊

Depuis quelques années et l'essor des plateformes qui proposent aux écrivains de publier leurs textes sans s'adresser à une maison d'édition classique, au format numérique et/ou papier selon les cas, l'auto-édition (ou édition indépendante) connaît un regain d'intérêt certain...

Mais en quoi cela consiste-t-il donc ?

Tout d'abord, je pense qu'il est intéressant de faire un petit point sur le travail éditorial qui précède la parution d'un livre. Entre le moment de l'écriture et l'instant où le texte atterrit entre les mains de son lecteur, il traverse de nombreuses étapes : présentation à un éditeur, acceptation du manuscrit, relectures plus ou moins poussées, maquettage, création du visuel de couverture, tirage des exemplaires, promotion, acheminement en librairie, etc. Tout ce travail est traditionnellement effectué sous l'égide de la maison d'édition. Si certains éditeurs impliquent l'auteur dans une partie de ces décisions, ce n'est hélas pas toujours le cas - et c'est pourquoi de nombreux écrivains décident un jour de faire le grand saut dans l'inconnu en se lançant dans l'édition indépendante.

Néanmoins, il ne suffit pas d'écrire pour réussir dans cette voie. L'auteur qui choisit de publier en indépendant se doit d'endosser un certain nombre de casquettes. Petit tour d'horizon...

L'écriture et la relecture

Apanage de l'auteur, la création du texte est suivie d'un  travail de relecture - parfois long - avant que le livre soit prêt à rencontrer son public. Certains font appel à des "bêta-lecteurs", souvent des proches de confiance, à qui ils demandent un retour sincère sur l'intrigue, le style, les dialogues, les personnages afin de peaufiner leur travail. Il est également nécessaire d'effectuer plusieurs relectures pour traquer coquilles, fautes d'orthographe et de syntaxe, répétitions et autres erreurs inévitables qui passent souvent entre les mailles du filet lors de l'écriture. S'il est possible d'effectuer cette tâche soi-même (c'est ce que je fais, en général), on peut trouver difficile d'avoir le détachement nécessaire sur son propre travail. C'est là que l'intervention d'un professionnel peut devenir très utile. J'ai d'ailleurs l'intention de vous proposer prochainement un billet sur l'art de savoir se relire...

La maquette

De nos jours, les logiciels de traitement de texte rendent cette étape assez facile et accessible. Néanmoins, la plupart des plateformes qui proposent aux auteurs un espace pour publier leurs textes le rappellent souvent : livre papier ou numérique, il y a des précautions à prendre pour mettre en forme un fichier qui ne réservera pas de mauvaises surprises au lecteur. Taille de police, numérotation des pages, espacement des lignes pour le confort de lecture... L'auteur indépendant, devenu pour l'heure maquettiste, ne laisse rien au hasard !

La couverture

C'est là que les choses commencent à se corser pour notre écrivain indépendant. La couverture est la première chose que voit le lecteur. Elle doit immédiatement attirer le regard, intriguer, retenir l'attention - bref, donner envie d'aller plus loin. Défi difficile pour qui n'est pas graphiste... Beaucoup d'auteurs indépendants font d'ailleurs appel à des professionnels de l'image pour créer une couverture réussie. 

Pour les autres, dont je suis, commence la traque des photos ou illustrations parfaites sur les banques d'images disponibles en ligne, l'examen fastidieux des conditions d'utilisation pour s'assurer de la disponibilité des droits de reproduction (et je vous conseille fortement de ne pas éluder ce détail : une erreur pourrait coûter très cher). Vient ensuite la création graphique à proprement parler : recadrage de l'image, insertion du titre, montage photo, retouches, et j'en passe.

C'est également à ce moment que l'on rédige le résumé qui figurera en quatrième de couverture. Exercice de concision, il doit en quelques lignes donner au lecteur une idée du contenu tout en ménageant assez de suspense pour qu'il ait envie de découvrir toute l'histoire... Soumettre ce résumé à vos proches peut vous permettre de tester son attrait.

Après la parution... la promotion !

Le moment est venu : le nouveau livre est disponible à la vente sur la ou les plateforme(s) choisies. Mais le travail est loin d'être terminé, car un ouvrage ne vit que s'il est vu. C'est d'autant plus vrai dans notre réalité d’algorithmes et de systèmes de notation.

Sans l'appui du service commercial et communication d'un éditeur, l'auteur indépendant se fait promoteur de son œuvre à l'aide de tous les moyens mis à sa disposition : signatures, rencontres, mais aussi communication sur les réseaux sociaux, promotions programmées en concertation avec la plateforme d'hébergement, jeux-concours, etc. Plus un ouvrage sera lu, plus il recevra de notes (bonnes, espérons-le !) et plus il grimpera dans les classements de vente des plateformes en ligne - que ce soit sur Amazon, Kobo ou la Fnac, pour ne citer que les principales enseignes disponibles en France.

Ainsi, chaque jour, il fait de son mieux pour offrir la meilleure visibilité possible à son travail et communiquer avec ses lecteurs. C'est aussi cela, le travail d'auteur indé ! 😉

 

Multi-tâches, multi-casquettes, l'écrivain auto-édité ne ménage donc pas ses efforts. Il sait apprendre de nouveaux talents, s'adapter, s'entourer. C'est un travail parfois difficile qui peut s'avérer ingrat quand les résultats peinent à combler les attentes.

Alors, pourquoi choisir la voie de l'auto-édition ?

Tout d'abord, et c'est un avis partagé par de nombreux auteurs indépendants que j'ai pu rencontrer : par goût de liberté. Une fois votre texte accepté par un éditeur classique, vous perdez la main. Vous ne contrôlez pas sa destinée. On peut vous imposer sa couverture, son titre, son résumé, le planning de parution, la nature des opérations de communication mises en place pour accompagner sa sortie (ou leur absence). Et, dès que l'éditeur publie de nouveaux livres, plus récents, plus neufs, il arrive bien souvent que l'on doive se résigner à voir son texte dépérir jusqu'à sombrer dans l'oubli au bas des classements. Comme la fast-fashion, la fast-littérature fait bien des ravages ; en particulier dans des domaines tels que la romance ou le policier, qui voient un feu d'artifice de nouveaux livres paraître chaque semaine.

En gardant le contrôle sur sa création, l'auteur indépendant s'assure d'offrir à ses textes de longues et belles vies ; car qui serait mieux placé que lui pour défendre son travail ?

Enfin, et je terminerai sur ce point non négligeable : dans le circuit de l'édition classique, l'auteur est finalement un des maillons les moins rémunérés de la chaîne. Paradoxal, quand il est à l'origine de l'objet-livre qui circulera de mains en mains ? Si vous voulez mon avis, oui...

Il touche en moyenne 6 à 10% du prix de vente du livre papier (jusqu'à 15% dans le cas d'une édition numérique), alors que les plateformes de publication proposent aux indépendants jusqu'à 70% de redevance sur le prix public. Quand on sait que l'écriture d'un livre demande plusieurs mois de travail, est-il encore étonnant que certains d'entre nous fassent le choix de l'édition indépendante et de tous les défis passionnants qui l'accompagnent ? Pour nombre d'auteurs, c'est souvent leur meilleure chance d'espérer un jour vivre de leur plume ! 📚

Commentaires